Rue des Bruynettes

CHEMIN FAISANT…

Une série proposée par Micheline et Stéphan SarnowskiMicheline et Stéphan Sarnowski

Rue des Bruynettes : hameau situé à l’ouest du village, endroit souvent noyé dans les brumes (NDLR: La rue s’appelait autrefois Rue de la Brouynette, qui vient du Wallon al. Brouynette, La Bruinette: le petit buisson [wall: Brouyon]) (1).

Nous avons rencontré Joseph Gilbert, habitant la rue des Bruynettes, au numéro 28. La maison de ses grands-parents.

Joseph Gilbert

Joseph est né en 1926, et a vécu à la ferme de ses parents chaussée de Charleroi, 8 à Tongrinne au lieu-dit la ferme des fumes. Sa maman était de Corroy, rue Basse Hollande. Il travaillera à la ferme jusqu’à sa retraite.

Dans sa jeunesse, Joseph et sa sœur iront bien souvent au 28 rue des Bruynettes, chez leurs grands-parents. Les parents étant très souvent aux champs.

Joseph fait ses études primaires à Corroy avec monsieur Dricot futur instituteur de l’école. Il se souvient que Monsieur Dricot avait ouvert bénévolement une école du soir +pour adultes.

En 5è année, il quitte l’école de Corroy et ira dorénavant, à vélo, à l’école des Frères, place de l’Orneau à Gembloux. Pendant la guerre, il a une quinzaine d’années, il se fait des petits sous en retournant la terre des jardins. Tout le monde, à cette époque, cultivait son lopin de terre.

Joseph a 28 ans et il convole avec la fille des voisins de ses grands-parents. Le père de la mariée était cultivateur chez Van Eyck, rue du Château. Les jeunes époux travaillent ensemble à la ferme de Tongrinne, à deux pas de Corroy. La plupart des terres de Corroy appartenait au Marquis. Joseph, locataire de +/- 10 hectares de terre, et d’autres petits propriétaires s’épaulaient mutuellement. Les fermes Gollard, Delchevallerie et Bertinchamps étaient plus importantes et faisaient appel à des saisonniers, pour la plupart flamands.

Joseph se souvient aussi d’avoir vu passer des cars de Flamands partant pour les mines de Charleroi. Chaque petite ferme a quelques bêtes et volaille.

A 65 ans, Joseph prend sa retraite. Et laisse la ferme de Tongrinne, toujours active actuellement, à sa fille et son gendre, agriculteur à Ligny. Joseph et son épouse viennent alors habiter Corroy, la maison des grands-parents décédés. Celle-ci était habitée alors par son oncle (le frère de sa maman), invalide de guerre. Il était cordonnier et tenait boutique dans sa maison. Celle-ci était composée de 2 pièces à vivre et d’un atelier à l’arrière. Le garage, en façade était l’étable. Il y avait aussi 2/3 hectares de terres, entourant la ferme. Ces terres sont devenues des terrains à bâtir par la suite.

En face de la maison, au coin de la rue des Grenadiers, se trouvait la grange, celle-ci est devenue une maison en location. Un peu plus loin dans la rue des grenadiers, il y avait 2 petites fermes.

A l’époque la rue, en gros pavés ne faisait que 2m50 de large. Joseph avait un puits devant sa maison qui se retrouva quasi dans la rigole lors de l’élargissement de la rue. Il se souvient des commerces du carrefour Bruynettes-Marronniers. Il y avait là de nombreux commerces, c’était le cœur du village.

On peut apercevoir, en remontant la rue des Bruynettes, au milieu des herbes folles, une vieille forge, nous dit Joseph. Notre médecin, propriétaire actuel, a des documents désignant ce bâtiment comme étant l’ancienne tuerie (abattoir) de l’ancienne boucherie de la rue des Marronniers.

Extrait du plan de l’ancienne Tuerie, 1939

Dans la boucle de la rue des Bruynettes, dans la grande maison, habitait Louis Wauverman, boxeur, champion de Belgique 1935.

Joseph nous parle aussi d’un maréchal ferrant, monsieur Coyette qui eut plusieurs enfants, dont Emma qui épousa le fils du Grand Georges, dont nous avons parlé dans un numéro précédent. Le Grand Georges qui vendit les terres qui allaient devenir, beaucoup plus tard, le centre sportif de Corroy.

Quand nous avons rencontré Joseph, il n’aurait pas grand-chose à nous raconter, mais au fur et à mesure les souvenirs faisaient surface. Nous en avons retiré le principal, sans rentrer dans les détails que Joseph sautant du coq à l’âne nous a raconté avec verve et fraîcheur.

Merci Joseph pour ce bon moment où nous avons constaté que dans notre village tout se recoupait.

Sources:
(1) Jean-Jacques Jespers, Dictionnaire des noms de lieux en Wallonie et à Bruxelles, Editions Racine, Bruxelles, 2005.