Corroy-le-Château est une section de la ville belge de Gembloux située en Région wallonne dans la province de Namur. Le gentilé des habitants est Castellocorylétien(ne). La tradition veut que ce village soit le repaire des « faisans », notamment grâce aux nombreuses orties qui foisonnent dans ses champs et dont l’animal raffole. Voyant les faisans courir partout dans les champs de Corroy, les habitants du village ont fini par s’appeler de ce surnom et l’ont donné à leur association par extension.
« Là où le blason populaire (sobriquet ethnique) est très vivant, le gentilé s’installe difficilement et avec d’autant plus de difficulté que le blason est exempt de caractère déplaisant ». On peut retourner la proposition en constatant que là où le gentilé est difficile à construire (nom composé, dérivation complexe), le blason populaire subsiste davantage : ainsi les Faisans à Corroy-le-Château, qui est plus populaire que les Castellocorylétiens (1).
Étymologie
La plus ancienne trace manuscrite du village remonte à l’année 1119. Le village Koriletum qui signifie « terrain planté de coudriers » (noisetiers). Cette mention du lieu connue se trouve dans la Vitu Norberti rédigée par un témoin oculaire vers 1160 (2). Le texte(3) parle d’un événement survenu en 1119:
« Et procedens inde [Gembloux] venit ad proximam villam que vocatur Koriletum, et quia fama de eo iam undique percrebuerat, populus de eadem vicina ad eum confluebat. Cumque post celebrationem misse, … »(4). C’est pour se rappeler de ce repère historique que le blason des Faisans porte la date de 1119.
Origine et histoire
Des traces d’activité humaine remontant à l’époque gallo-romaine ont été relevées. Un hameau au nord de Corroy s’appelle Villez, ce qui est quasi certainement une référence à une ancienne villa gallo-romaine: la grande voie romaine Bavay-Cologne passait d’ailleurs à quelque trois kilomètres au nord de Corroy.
L’agglomération était peu importante, bien qu’étant paroisse desservie par l’abbaye prémontrée de Floreffe (après 1121).
L’histoire régionale se souvient du passage en 1119 de Norbert de Xanten, fondateur des prémontrés, accompagné de Hugues de Fosses, son fidèle disciple. Il y aurait accompli un miracle. Là on passe dans les légendes de Corroy.
Le château, l’église et les autres bâtiments remarquables
À partir du XIIIe siècle, l’histoire du village est étroitement liée à celle de son château, classé au Patrimoine majeur de Wallonie: d’abord simple donjon construit pour la défense de la partie sud du duché de Brabant.
Mais aussi de son église paroissiale, Patrimoine classé de Wallonie, à la fois ouvrage religieux mais aussi ouvrage défensif avec ses meurtrières.
Vous trouverez sur ce lien la liste des bâtiments et lieux remarquables pour lesquels une documentation existe dans la littérature
Sites de grand intérêt biologique
Le village et le Château de Corroy s’inscrivent en bordure d’un Site de Grand intérêt biologique (SGIB 2920), celui de la Vallée du Ruisseau de Corroy. En effet, […] le ruisseau de Corroy prend sa source dans les alentours du château de Corroy. Une fontaine y est d’ailleurs mentionnée, la fontaine aux Corbeaux. Après avoir traversé le site dont il est question ici, le ruisseau se jette dans l’Orneau non loin du lieu-dit « Aux Trois Ponts » (5) .
Sources:
(1) A. DOPPAGNE, Enquête sur le gentilé et le blason populaire des communes wallonnes, dans les dialectes belgo-romans, 7, 1947.
(2) Vita Norberti, éd. R. WILMANS, dans MGH.SS., t. XII, p. 677, col. 8
(3) Historiae aevi Salici, Volume 12 de Monumenta Germaniae historica. [Scriptores]. Scriptores in Folio, Auteur Pertz, Éditeur Verlag nicht ermittelbar, 1856
(4) CORTEMBOS, Thérèse., Corroy-le-Château. Organisation d’une forteresse du XIIIe siècle, Bulletin de la Commission Royale des monuments et sites, T.2, 1972
(5) PCDN de la commune de Gembloux, Etude du réseau écologique, p.190.
Extrait du journal de Norbert de Xantem
Et procedens inde venit ad proximam villam que vocatur Koriletum(89), et quia fama de eo iam undique percrebuerat, populus de eadem vicina ad eum confluebat. Cumque post celebrationem missea, sicut conservuat, de pace et concordia semocinaretur, quosdam discordantes a veteris odii litibus coepit humili exortatione revocare. Unus autem exi ipis, multi precibus rogatus cum paci acquiescere nollet, foras exiliit et equo sedens fugam inire temptabat, sed equus licet calcaribus urgeretur fortiter, de loco moveri non poterat. Unede concurrente turba, quibusdam admirantibus, quibusdam subsannantibus, quibusdam vero flentibus, ille confusus ad eoclesiam rediit et prostratus veniamque petens, sicut prius ab eo postulatum fuerat, conditioni pacis gratanter annuit, sicque absolutionem reatus sui pro eo quod virum Dei offenderat accepit.
(89)Couroy Prope Gemblacum
Et partant de là vint dans une ville voisine appelée Coriletum (89), et parce que le bruit à son sujet s’était déjà répandu de tous côtés, les gens du même voisinage affluèrent vers lui. Et quand, après la célébration, il envoya, comme il le faisait toujours, parler de paix et de concorde, il se mit à rappeler quelques-uns des dissidents des querelles de la vieille haine par une humble exhortation. Et l’un des hommes qui sortaient, ayant été supplié par de nombreux habitants et ne voulant pas se réconcilier, s’élança vers la sortie. Et, une fois assis sur un cheval, essaya de s’enfuir. Mais la foule s’était rassemblée autour de lui; Certains l’interrogeant, certains le corrigeant, certains pleurant réellement. Il revint confus à l’église, et se prosternant, demandant pardon, comme cela lui avait été demandé auparavant. Il fit un signe de tête reconnaissant à la condition de paix, et reçut ainsi le l’absolution de sa culpabilité pour avoir offensé l’homme de Dieu.
(89) Corroy près de Gembloux