Rose-Marie Dricot ou la saga d’une famille d’enseignants

CHEMIN FAISANT

Micheline et Stéphan Sarnowski

Une série proposée par Micheline et Stéphan Sarnowski

Rose-Marie nait en 1942, dans la maison de ses grands-parents, 51 rue des Ecoles (22 rue Maison d’Orbais). Fille, petite-fille et nièce d’instituteurs de Corroy II.

C’est la profession de la famille. Un de ses cousins en a comptabilisé 27 III Rose-Marie ira donc à l’école communale des filles, détruite entre-temps, rue Maison d’Orbais

Elle fera ses 6 années primaires avec la même institutrice, madame Van Copenolle. Une grande entraide régnait dans ce petit monde.

Son papa, succédant lui-même à son père s’occupe de l’école des garçons, jouxtant la maison communale (l’école d’aujourd’hui). Sa tante (la sœur de son papa) est régente de maternelle

Emile Dricot, son papa, n’était pas seulement instituteur. Ses compétences de géomètre-arpenteur ont fait qu’il a mesuré à peu près tous les terrains de Corroy. II était aussi un artiste peintre de talent. Qui parmi les anciens de Corroy n’a pas une toile « do Maisse Dricot » C’était aussi un philatéliste compétent, il a d’ailleurs participé à la création d’un club à Gembloux.

Mais avant tout, il aimait rendre service. L’achat d’une voiture en 1950 a facilité les choses. C’est alors aussi qu’il a créé le club de basket de Corroy. Le jeune Joseph Germain faisait partie de l’équipe. Il lui succédera en tant que président.

Deux salles du complexe sportif portent leurs noms (Salle Emile Dricot et salle Joseph Germain).

Emile avait décidé que Rose-Marie devait apprendre le néerlandais, et la voici donc pensionnaire à Heverlee, près de Leuven. De nombreux professeurs francophones y enseignaient alors. Des classes francophones sont créées pour leurs enfants et Rose-Marie les rejoint. Pas idéal pour apprendre une autre langue. Ceux-ci dénotaient par rapport aux disciplinés néerlandophones. La gouaille prenant le pas sur une certaine rigidité flamande. Rose-Marie est heureuse avec ses copines, mais il ne fallait pas avoir de retenue, sans quoi le retour chez les parents n’avait lieu que toutes les 6 semaines, au lieu des 3 semaines réglementaires.

Après ce passage à Heverlee, départ pour Nivelles, où elle effectuera un régendat en sciences et géographie.

Nous sommes au début des années 60, les emplois sont rares, sauf si…. l’on va très loin.

Rose-Marie guidée, conseillée et poussée par les religieuses s’expatrie au Congo belge. Elle y restera 4 années, professant toutes les matières. Elle y est aussi heureuse. Mais en 1967, elle décide de revenir en Belgique, les événements se précipitent dans un Congo en forte ébullition.

Rose-Marie rencontre alors Yvan Royaux, ingénieur des travaux publiques. Ils auront 2 filles et 1 garçon qui leur donneront 8 petits-enfants. De futurs enseignants ???

Rose-Marie, membre du Top, est une marcheuse, mais son hobby, c’est le jardin.

Celui-ci prend une bonne partie de la première partie de la rue du Presbytère.

Un jardin généreux, semi sauvage, recelant de plantes et légumes rares, originaux… Elle y est par tous les temps et aime partager son expérience bucolique.

Ou, alors, elle est « Toudi suil Voye ». Elle aura traversé la planète en tous sens, gardant des images. des expériences pour les partager et raviver ses souvenirs.

Mais surtout Rose-Marie, habite la maison de ses grands-parents, rue Maison d’Orbais, maison perpendiculaire, face à la ferme et aux terrains du « Grand Georges », terres de convoitises qui après plusieurs destinations sont devenues notre Hall des Sports.

Retraçons en grande ligne, l’histoire des terres du Grand Georges (dont Rose-Marie a oublié le nom).

Si quelqu’un s’en souvient III!

Vous connaissez tous les bâtiments roses du début de la rue. Cet ancien carmel, devient, début des années 50, l’Orphelinat de l’Enfant Jésus. Un établissement pour filles.

Les sœurs de l’Enfant Jésus rachètent au prix fort les biens du Grand Georges. Sa ferme est rasée et les prés en bordure de la rue Maison d’Orbais deviennent la cour de récréation de l’Orphelinat Saint-Joseph qui lui, accueille les garçons (actuelle cité des couteliers). Il y avait des orphelins et des enfants du juge. Une part de ce enfants fréquentait l’école communale.

La partie arrière de la cour, dallée, servira, dans les années 80, aux entrainements du club de basket.

C’est ce bâtiment, comprenant de nombreuses classes, salle de sport, cantine et logements qui finira par être mis en vente, de belles terres l’entourent.

Mais, Il n’y a pas preneur, même la ville de Gembloux ne profite pas de l’opportunité et avec le temps on peut penser qu’elle doit le regretter…

Le bâtiment est à l’abandon, subit de nombreuses dégradations, les années passent.

Les sœurs décident alors de louer leur bien. La firme GEMEL de Gembloux s’y installe, c’est une société spécialisée dans le produit surgelé de luxe, mais la société fait faillite.

Et c’est Castelflor qui finit par acheter les bâtiments. Elle y construira des serres, elle obtient le soutien de la région wallonne, mais les propriétaires, deux frères habitant Corroy, ne s’entendent pas et les plantes et fleurs quittent le village.

C’est un sicilien (dont on a oublié le nom, si quelqu’un s’en souvient…) qui rachète le tout. L’orphelinat des filles est vendu par parcelles à des particuliers qui occupent donc un très beau carmel de la fin du 18e siècle.

L’orphelinat des garçons a été acheté par la société « la Cité des Couteliers » qui en fera des appartements à loyers modérés.

Les terres devant le bâtiment de la cité des couteliers sont achetées par la ville de Gembloux qui y construira bien plus tard, notre salle des sports

Difficile de s’imaginer qu’il y eut à cet endroit des biches et des faons qui y broutaient l’herbe et qui faisaient la jole des enfants.

La Cité des Couteliers possède encore le terrain, à l’arrière de l’école, à droite du complexe sportif (côté rue de l’Ange). Beaucoup de rumeurs circulent quant à son affectation: il deviendra en 2021 la Forêt Jardin de notre projet collectif de l’asbl Les Faisans.

Que de changements depuis l’époque du Grand Georges, mais tout change. Évitons que notre village ne devienne un village dortoir.

C’est pour cela que nous vous racontons nos rues, nos voisins, notre histoire.

Vous avez des secrets à partager, alors appelez- nous, nous viendrons vous écouter.

Micheline et Stéphan : 081.61.00.31

Merci à Micheline et Stéphane pour cet interview de Rose-Marie.